Le trail attire de plus en plus de passionnés de nature et d’effort en pleine nature. Dès les débuts, il est facile de se projeter sur les grandes épreuves mythiques telles que l’UTMB ou la Diagonale des Fous. Ces courses offrent des paysages époustouflants et une aventure humaine hors du commun. Cependant, leur difficulté technique et physique exige une préparation rigoureuse et progressive.
Beaucoup de coureurs novices souhaitent très vite participer à des trails de 100 km et plus, parfois dès leur première année de pratique. L’attrait des points pour se qualifier à l’UTMB y est pour quelque chose. Mais cette précipitation peut mener à l’échec, à des blessures ou à un désenchantement vis-à-vis de la discipline. Pour aborder sereinement les longues distances, il est primordial de respecter les étapes de progression.
La pratique du trail doit reposer sur une base structurée. L’objectif n’est pas d’atteindre 100 km rapidement, mais de se construire une expérience durable. La progressivité est essentielle pour permettre au corps de s’adapter. On peut comparer cela à un jeu vidéo : avant d’affronter le boss final, il faut réussir les niveaux intermédiaires.
Il est conseillé de passer environ deux ans à explorer les formats courts. Cela inclut des courses comme le Cross du Mont-Blanc (23 km), le Marathon du Mont-Blanc (42 km) ou encore la MCC de l’UTMB. Ces formats permettent de se familiariser avec le dénivelé, les terrains techniques et la gestion de l’effort sur 3 à 7 heures. C’est également à ce moment que l’on découvre le matériel nécessaire et que l’on commence à peaufiner son alimentation.
Une fois le format marathon bien assimilé, le passage sur des épreuves de 80 à 120 km peut se faire en maintenant la même logique : deux années à se forger de l’expérience. Des courses emblématiques de ce format sont les Templiers, la CCC, la Saintélyon ou les 90 km du Mont-Blanc. Sur ces distances, les difficultés s’accentuent : fatigue mentale, gestion du sommeil, alimentation soutenue, terrain plus exigeant. C’est ici que l’on commence à affiner sa stratégie personnelle.
Quand l’aisance est atteinte sur 100 km, on peut envisager les formats ultras comme l’UTMB (170 km) ou la Diagonale des Fous. Il ne s’agit plus seulement de course à pied, mais bien d’une aventure d’endurance, parfois de 40 heures ou plus. Le parcours pour y parvenir demande entre 4 et 6 ans selon les individus.
À mesure que les distances augmentent, le corps est mis à rude épreuve. Le renforcement musculaire est donc une composante essentielle de l’entraînement. Il permet de prévenir les blessures, notamment aux genoux, et d’améliorer la stabilité sur les sentiers techniques. Beaucoup de coureurs découvrent ce besoin après une douleur ou une blessure lors d’une course longue.
Progressivement, le trailer découvre ce qui fonctionne pour lui en matière d’équipement, de nutrition, de récupération. Il est courant de rencontrer des déboires sur le matériel : frontale défaillante, sacs d’hydratation mal ajustés, chaussures inadaptées. Cela fait partie de l’apprentissage. Plus on progresse, plus ces erreurs peuvent avoir des conséquences. Il est donc préférable de les rencontrer sur des formats courts.
Sur des formats longs, manger devient un défi. Certains rencontrent des problèmes digestifs dès 40 km. Avant de rallonger les distances, il est impératif de trouver les produits qui conviennent : gels, barres, aliments salés, hydratation. Tester sa stratégie alimentaire lors des entraînements ou sur des trails plus courts reste la meilleure manière de progresser en toute sécurité.
Un équipement de qualité testé à l’avance est un gage de sécurité. Il faut prévoir les conditions météo les plus extrêmes et être prêt à y faire face : pluie, froid, chaleur, nuit… Le sac, les vêtements techniques, les bâtons, autant d’éléments à maîtriser.
Il n’est pas nécessaire de viser absolument 170 km pour vivre de belles aventures. Il existe une multitude de courses entre 50 et 100 km qui offrent un bon compromis entre intensité, durée et plaisir. Ces formats sont parfois plus accessibles tout en proposant de vrais défis physiques et mentaux. Des événements comme les UTMB World Series proposent aussi ces alternatives.
Avec l’entraînement et le temps, le corps développe une forme de mémoire. Ce qui était difficile à 40 km devient plus facile. Les muscles, les tendons, le mental s’adaptent. Le travail sur soi est important. Le trail est aussi une école de patience et de connaissance de soi.
Réussir une course comme l’UTMB est un formidable accomplissement. Pourtant, le plus beau reste le parcours d’apprentissage pour y arriver. Chaque palier offre son lot de découvertes, de challenges et de petits succès. Il est recommandé de ne pas brûler les étapes, d’écouter son corps et d’essayer de toujours progresser dans une logique cohérente et sécurisante.
Participer à une course de 40 ou 80 km est déjà un exploit. Il existe des dizaines de courses en France, en Suisse ou en Belgique, toutes aussi belles et enrichissantes les unes que les autres. Ce qui compte au final, c’est d’écouter son corps, de se construire une expérience solide et de se faire plaisir tout au long du chemin.
Le trail n’est pas seulement une distance, c’est une aventure humaine et sportive à construire avec patience et passion.